1 . LA DIFFERENCE
Ce matin de mots de passe
Qui jonchent le petit passage de papa est foutu
Au loin, reculé dans les derniers arbres
Les affamés se comptent sur les doigts
De mille mains.
Entre les deux inconnus qui
Ne s'offrent pas de morceau de pain
L'un à l'autre
Il y a un silence inouï et fulgurant.
Le matin du septième jour
Un gros morceau de beurre tombera
Avec vengeance et éclat
A vous rendre sourd.
2. CETTE LETTRE
Toi qui cherches à
Envoyer une lettre
A Dieu
Au bon Dieu
Pour lui dire
Merci Papa
Merci pour tout
Vas-y alors!
Ta lettre est prête
Signée
Scellée
Timbrée
Vas-y donc
A la poste!
Dilemme
De l'employé
Véritable fardeau
De quel bois fera-t-il flèche?
Tes cris
Tes soupirs
Tes pleurs
Tes larmes
Ton désespoir
Le poussent
Aux larmes.
3. TRAHISON
(A Jean Okah Mandengue, camarade de Lille)
Tout le monde en parle
Ce sont tes frères qui t’ont fini
De partout au Cameroun on murmure
Sur des notes de désespoir
Etouffées de larmes de crocodile
Dans l’espace nu de ma chambre
J’entends des cris de femmes ivres
Qui se disputent ta fortune.
Dehors la paix criarde contredit tout
Comme dit le proverbe :
« L’arbre que l’orage va emporter
Ne voit pas le ciel s’assombrir. »
Toi qui es parti chez les Blancs
Peux-tu aussi vraiment finir comme nous ?
Tu fais honte à tes idoles
Sors de ta cachette !
Lève-toi et marche ! Ne sois pas lâche ! .
4. IMBROGLIO
(souvenirs de France)
Dans ces ateliers en désuétude
Où rien ne bouge, même pas le chat d'antan
Là où le vieux oeuvrait jour et nuit
Dans une demi-lumière
Et dans un grand fauteuil
Une odeur sulfureuse se dégage
Et cette petite cage de bois qui s'accroche
Me rappelant la Vielle France,
La bonne vieille France!
Ce fameux coin du Port de Dunkerque
Les coffres du vieux avare de Besançon
Les maudits sentiers de la Pigalle
Le premier plan du tableau
De Picasso qui trône au musée de Paris.
Dans cet univers du temps perdu
Où même Proust et Combray ne signifient rien
Et où ni De Gaule, ni Madame Soleil
Ne pourraient déchiffrer
Aucune écriture arabesque
Une seule fenêtre s'ouvre sur le monde extradiégétique
Et cela ne se fait que lorsque sonne le glas
Alors, les pieds de l'enceinte tremblotent
Les oiseaux de fortune s'envolent comme maudits
Tous les guerriers du coin
Avec des fugitifs sans asile
Clignotent à la première jeune dame
Qui passe sans soutien gorge ni caleçon.
5. LES DEUX SACS
Le sable argenté du sommet de farine
Qu'il le veuille ou pas, merde!
Fera bouger de fond en comble
Tous les sacs de maïs que papa a bradé.
A partir de cette plaque tournante sans narine
L'homme lion qui siège comme un roi
Au-dessus des mousquetaires de la ronde
Se mousse comme un gamin sans mousseline.
Dehors, au milieu du cercle concentrique
Devant le seuil de la grande porte
Le gueux qui fait la gueule
Tend à chaque passant un gros livre vert.
6. ENQUETE
(A la jeune fille en quête d`un homme par Internet)
Jeune fille camerounaise
A la recherche de l’amour
Je me suis enfuie de la braise
Pour m’offrir enfin ce voyage sans retour
Sans caramel délicieux, ni bouquet de fleurs
J`ai abandonné glaciers et palais de marbre
Pour partir à l’assaut du prince charmant sans peur
Bien que fatiguée, j’irai jusqu'en Flandre .
Belle jeune fille, joli signe des gémeaux infatigables
Je partirais loin à la recherche de cet amour évasif
Jamais je ne baisserai les bras ! Même par câble
Pour la bénédiction j’irai voir le pontife .
Je ne suis pas poète, je l`avoue volontiers
Mais une chose est sûre
Lorsque sonnera le glas sur Poitiers
Loin de ce désert, je serai à la Cote d`Azur .
7.UN REGARD FENETRANT
(A l`inconnue du Ministère du Commerce)
Rien de particulier, rien je vous jure
Ne m’attire à cette fenêtre de grand standing
Vous m’accusez, me dîtes-vous
De l’avoir choisie aussitôt
Faisant fi des hommes sur mon passage
Le coup de foudre
Je ne dis pas le contraire
Car à cette fenêtre à deux battants
Je vois quelque chose de magique, d’irrésistible
D’inexplicable, d’envoûtant…qui m’emporte
Dans un monde mystique et éclectique Elle me taquine et me chatouille
Ah ! Ces battants de verre
Un fermé, l’autre ouvert
Me forcent la main à une partie de cache-cache
Ce reflet de mon double de toujours
Tel un Picasso ou un Velázquez à la Sixtine
Est-ce Las Meninas ou les Béatitudes?
Je suis sidérée, bouche bée, transposée.
Pourtant ce n’est qu’une fenêtre, une simple embrasure
Qui m’amène à l’au-delà, loin de Dame Foning
Ah ! Ces moments vitrés qui font penser à tout !
Là où je suis, vous tournant le dos
Il y a tout un autre monde au-delà du fenêtrage
Hommes pressés, femmes sans soutien-gorges
Machines à coudre à tout casser
Le parking de Son Excellence
Qui ne jure que par Voltaire
Ce monde est devenu un microcosme amorphe Sans enfants
Et moi, à partir de cette plongée
L’invincible miroir et boucle de première classe
Elle m’emporte.
Infortunée que je suis, laissée pour compte
Mais septique jusqu’aux bouts des ongles
Elle m’accueille à tout moment sans souille.
J’ai pu tenir le coup, même lorsque à terre
Kapo et Cie peuvent bien me classer parmi les pervers
Simplement par ce que je suis fenêtrée
Où est donc la hache?
Sachez que les hommes viennent et partent tous
Tous les jours
Pourtant cette fidèle compagne
Est toujours là avec moi comme Vandame
C’est le grand As pour qui je n’ai que gratitude
Car elle sera toujours là
A l’écoute, adorée et vénérée.
Ce poème est dédié à la jeune employée du ministère du
Commerce et voisine de Kapo qui fut prise en flagrant
délit de regarder par la fenêtre de son bureau le 23 septembre 2005.
8. VANITE
(A Monsieur l’Administrateur Civil)
A l’origine de toute fortune
Il y a toujours un crime
Et je l’affirme haut et fort, sans rancune
Car je sais de quoi je parle, avec ces rimes.
Je ne suis ni pessimiste ni fataliste
Je ne suis que simple administrateur capricorne
Et qui en bonne et due forme agit sans grogne.
Je ne suis pas riche, oui je me nourris
Mais je ne dispose d’aucune fortune
Car je ne suis ni Fotso , ni T. Bellac, ni El Hadj
L’opulence, oui mais pas à n’importe quel prix !
Souhaiterais-je être comme l’Homme Balance ?
Jamais, car à chacun son rythme
L’Homme Balance veut tout avec instance
Moi je calcule et je pense d’abord à l’hymne.
Que l’on le veuille ou pas
Il faudra toujours un jour rendre des comptes
Toute la fortune amassée fera l’objet de débats
Et les crimes qu’elle cache exposeront sa honte.
9. KERMESSE
(A Françoise)
Qu`est-ce que tu veux que je te dise ?
Qu`est-ce que je peux dire d`autre ?
Car c`est Noël aujourd`hui, cher apôtre
Mais combien de candidats en lice , Elise ?
Les vautours survolent la mangeoire
L`archevêque et ses cohortes
Tous trempés jusqu`aux os exhortent
Et se perdent dans la sacristie aléatoire.
Néanmoins comme je ne suis pas de Nanga
Lorsque les oiseaux émissaires du seigneur repasseront
Je sais qu`il n`y aura de place que sur le goudron
Alors je me signerai et je fuirai vers Mbanga.
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10. MON SOUHAIT
(Au collègue inconnu entendu au Studio I)
Je ne veux pas quelqu’un qui est souillé
Je veux quelqu’un qui est doué
Car je suis qui pour juger le monde ?
Veux-tu que les vagues m’inondent ?
11. CE QUE JE VEUX
(Au groupe des quatre amis réunis à la Dolce Vita)
J`aimerai écouter tous les faux sons de cloche
Moi je veux écouter le petit ruisseau
Chansonner comme les bottes de Malabo
Ou alors pleurer traumatisé sur tes épaules.
C`est tout ce que je veux.
12.ARRET SUR IMAGE
La vérité de cette croix sans creux
Qui, à l’insu de Monsieur le Curé
Se taille la part du lion à Mvele
Sans se soucier de Mgr séquestré à Ngaoundéré .
C’est que le jour de la messe pontificale
Lorsque le PAN sera parti à la Mosquée
Tout Yaoundé à l’unanimité et par voie royale
Réclamera à cor et à cri les listes tant décriées.
13.YAOUNDE
(A tous les Yaoundéennes et Yaoundéens)
Je reviens de Yaoundé
Ville fétiche et robuste
Yaoundé est un petit pot de vin scindé
Dont les morceaux recollés font un buste
Du haut de cette tribune d'honneur
La grosse main invisible pleure
Elle pleure ses fils tombés par malheur
Sur l'esplanade les fidèles fondent sans lueur
Un jour lorsque les grands axes seront barrés
Et que par plaisanterie Yaoundé sera dans les ténébres
Toutes les calebasses de vin sur nos têtes posées
Seront le symbole iconique de la visite des lugubres.
samedi 17 octobre 2009
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4 commentaires:
Tres bien mon frere,
Je suis fiere de ton genie et mon appartenance a ce petit village au nom de MBU.
Que le bon Dieu te benisse.
Merci enormemment.
salut monsieur Azonga jia iu vos poemes en francais,il sont originaux et bien que notre pays sois deja en miette aux des paroles de ce genre nous font esperer des lendemains meilleurs.ASSEN CRISTELLE,Etudiante en journalism and mass communication
salut monsieur Azonga jai lu vos poemes en francais,ils sont originaux et bien que notre pays sois deja en miette,des paroles de ce genre nous font esperer des lendemains meilleurs.ASSEN CRISTELLE,Etudiante en journalism and mass communication,1ere annee
BRAVOOO!!!!!!!!!!luvly poems. AYUKETAH ELEANOR
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